Olive Groves

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Suivre ses rêves pour réenchanter le monde, entretien avec Marco Rizzo

Marco Rizzo dans son oliveraie à Felitto, en Campanie


Marco est tout entier habité par sa passion pour son territoire, le Cilento, et son huile d’olive qui en incarne si bien les parfums. Il revient avec nous sur son parcours atypique, ses doutes et le rôle d’une agriculture durable dans le développement des territoires isolées.

Après des études d’art à Rome, tu as décidé de retourner vivre dans un petit village du Cilento, au sud de Naples, pour te consacrer à l’oliveraie familiale. Pourquoi ce choix ?

J’ai simplement suivi mon rêve. Partir vivre à Rome me semblait être la chose à faire quand j'avais dix-huit ans : j'aimais la littérature, la musique, j'étais curieux de tout ce que je ne connaissais pas, et je m'émerveillais de chaque nouvelle idée.

J'ai choisi de retourner à la campagne pour les mêmes raisons qui m'ont poussé vers la ville. La campagne m’inspirait un sentiment de liberté, d'enthousiasme, étranger à toute explication, mais en même temps tangible, vrai. Et, aujourd’hui encore, je reste convaincu que le métier d'agriculteur est un métier extraordinaire.

Tu as commencé avec une oliveraie de taille modeste qui permettait de subvenir aux besoins familiaux. Comment s’est faite la transition vers une exploitation agricole à proprement parler ?

 J'ai commencé par cultiver les oliveraies de ma famille, celles dont je me souviens quand j'étais enfant, quand nous allions avec mes grands-parents cueillir les olives avec nos mains. Petit à petit, j'ai repris de nouvelles terres et j'ai commencé à les cultiver de façon méthodique, en essayant de lever mes hésitations avec les moyens à ma disposition : l'Internet, les agriculteurs locaux, les ouvrages spécialisés et de longues promenades dans les oliveraies.

Il y a sept ans, j'ai eu la chance de rencontrer Gaetano Avallone, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de l'analyse sensorielle, et ce fut le tournant qui a donné à l'entreprise son élan et sa vigueur... qui sait, peut-être qu'un jour je deviendrai moi aussi un bon entrepreneur ?

À ce jour, les satisfactions l’emportent-elles sur les sacrifices ?

Peut-être pas encore. Les premiers temps j’ai traversé de nombreux moments de doute. Derrière le succès à un concours ou les éloges d'un guide ou d’un chef étoilé vantant l'excellence, il y a les difficultés à monter une équipe, les bras fatigués le soir, les nuits passées dans le moulin, la fatigue du lendemain, et l’angoisse des invendus. Mais je ne me sens pas à bout de force, au contraire, j'apprécie le défi constant de rester maître à bord... Et, blague à part, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre, dans les conditions qui étaient les miennes.

Penses-tu que l'agriculture puisse jouer un rôle clé dans le développement des territoires ?

Je suis convaincu que l'une des façons de sortir les zones isolées de leur marginalité est de créer une synergie entre les produits et le territoire : une sorte de symbiose dans laquelle le produit parle du territoire et le territoire parle du produit.

Notre agriculture ne peut supporter à elle seule le poids de trente ans de retard, nous devons exiger une politique capable de réunir les associations professionnelles et l'ensemble du secteur touristique pour faire équipe dans le sens de la qualité et du développement territorial.

En ce qui concerne l'Italie, il est difficile d'aborder en quelques mots le thème de l'agriculture en général mais, dans le secteur oléicole, je constate que quelque chose est en train de bouger. Il y a quelques années encore, il n'y avait pas d'adeptes des huiles monovariétales ni d’amateurs qui choisissaient l'huile d'olive selon l'intensité de son fruité.

Propos recueillis pas Camille Frachon


Les grands crus de Marco Rizzo

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